Le Monastère fortifié
Le Monastère fortifié est l’emblème de l’île, et le lieu le plus visité.
Il se dresse face à l’immensité de la Mer Méditerranée, et, de son sommet, la vue s’étend de l’Estérel jusqu’au Cap d’Antibes, avec l’ensemble des deux îles de Lérins, de la baie de Cannes, et de la chaîne des Alpes à l’arrière plan.
L’originalité de cet édifice réside dans la dualité entre l’architecture militaire de l’extérieur, et les divers espaces religieux construits à l’intérieur.
Le début de sa construction remonte à 1073, sous l’abbatiat d’Aldebert II, et fait suite aux razzias périodiques des sarrasins au cours du Xème siècle.
Les moines édifient une tour refuge contenant cave, abris et dortoirs, à l’image des grands donjons construits en France au 11ème siècle. C’est l’ouvrage militaire le plus important de la Provence à cette époque. Sa construction n’est terminée que vers la fin du 12ème siècle, après que les papes Honoré II et Adrien IV aient exhorté les provençaux à contribuer à son achèvement.
A la fin du 13ème et au début du 14ème siècle est construite une grande tour carrée au sud-est, aux murs très épais, prenant en pince la première tour.
Un troisième corps de bâtiment au sud, sud-ouest, est ensuite construit, et l’intérieur est réaménagé avec construction des cloîtres (en 1459 et en 1477) et de la citerne, aboutissant dans la deuxième moitié du 15ème siècle à la transformation définitive en monastère fortifié habité en permanence par les moines dans les 2 étages inférieurs et par une garnison militaire.
C’est donc au travers d’un long processus que l’on a abouti à l’édifice observable aujourd’hui, un véritable monastère fortifié où se retrouvent les divers espaces caractéristiques d’un monastère, organisés selon une structure verticale.
Quelques moments remarquables de l’histoire de ce bâtiment :
En 1392, les reliques de saint Honorat, venues d'Arles, sont déposées dans la tour.
A l’intérieur, la chapelle Sainte-Croix est consacrée le 14 septembre 1392 et devient le « saint des saints » de l'abbaye, en raison des nombreuses reliques qu'elle renferme.
La tour subit les assauts et les pillages des corsaires génois en 1400, puis de la flotte espagnole en 1524, et les bombardements des austro-sardes en 1747.
Les religieux y résident jusqu’en 1788 : la « forteresse des moines », après ses trois agrandissements successifs, comprend alors 90 pièces, dont 30 cellules, une église, et trois chapelles.
Le monastère fortifié fait partie de la « Liste Mérimée », première liste des monuments historiques classés en France (1840).